Réseauter est bien loin d’être un sacerdoce et pourtant j’ai vécu la charge mentale du réseauteur qui s’épuise mentalement et physiquement. Je me souviens bien de mes premiers entretiens conseil quelques mois après mon arrivée à Bordeaux. Bien décidée à réseauter pour enrichir mon réseau relationnel avec des personnes locales, j’ai été assénée d’injonctions. « Il faut que tu rencontres un maximum de personnes, que tu participes à des événements professionnels pour te rendre visible, etc. » J’allais oublier les réseaux sociaux… Quels sont les signaux avant-coureurs ? Comment s’en prémunir tout en réseautant efficacement ?
Les signaux faibles
Fatigue, manque d’entrain et de repères positifs pour avancer sereinement… voici quelques exemples de signaux faibles à prendre en compte :
- Si vous vivez comme une contrainte le fait de collectionner les contacts ou les événements, il est temps de vous questionner ;
- Si ouvrir votre ordinateur ou utiliser votre portable pour être actif sur les réseaux sociaux vous fatigue, il est temps de prendre du recul ;
- Si vous rejetez l’idée de recevoir du monde chez vous après une semaine bien chargée en rencontres virtuelles ou physiques, il est temps d’apprendre à mieux vous connaître ;
- Si vous avez le sentiment d’être assailli par des sollicitations numériques et sur le terrain, une pause s’impose.
Nous avons accès très rapidement et très facilement à l’information. De plus, nous sommes nombreux à communiquer dans un cadre professionnel en choisissant, soit de réseauter, soit de promouvoir une activité ou de prospecter. La situation économique dégradée de certains secteurs ou marchés favorise les injonctions à communiquer pour être visible, connu et reconnu pour soi ou pour son entreprise, alors même que certaines et certains préfèrent la discrétion. Cette charge mentale, nourrie pas nos enjeux économiques, je la connais bien et je suis vigilante à ce qu’elle ne s’alourdisse pas.
Les signaux forts
Prendre conscience des signaux faibles est salvateur. Parfois, concentrés dans l’action, nous oublions de nous sonder et ils laissent place à des signaux forts plus difficiles à gérer. Ils sont majoritairement physiques ou liés aux émotions : épuisement, impatience, hyperactivité inhabituelle, déprime, tristesse, colère, peurs exacerbées…
Bourreau ou victime, les relations interpersonnelles sont dégradées avec parfois des ruptures relationnelles ou des sursollicitations vécues par les autres comme du harcèlement. A titre d’exemple, j’ai le souvenir d’une personne qui certainement pensait avoir le don d’ubiquité 😉. C’est majoritairement épuisant pour son environnement relationnel professionnel. Elle était de tous les combats, de toutes les initiatives et prenait la parole systématiquement dans les groupes virtuels et physiques. J’avais le sentiment qu’elle s’était transformée en campagne de communication sur le terrain et en ligne avec budget et durée illimités… Elle a fait face à de vives réactions ou des mises à l’écart non verbalisées. Et pourtant, elle ne réalisait pas l’ampleur des impacts négatifs de son comportement. Ce sont son corps et son environnement personnel qui l’ont arrêtée.
Cultiver son écologie relationnelle
Le travail est une contrainte nécessaire pour une majorité d’entre-nous. Il répond à des besoins vitaux et de sécurité. Le réseautage professionnel est souvent associé au travail et donc à une contrainte ou à une nécessité pour réussir. Ce biais cognitif fausse notre pratique du networking. Elle se pratique avec PLAISIR, régulièrement et à son rythme.
Premier principe : accepter de s’écouter et d’écouter pleinement son interlocuteur. Concrètement, il s’agit de (re)prendre contact avec son corps qui exprime merveilleusement bien l’inconfort ou le confort mental. Nos ressentis mentaux et physiques ainsi que nos émotions nous envoient régulièrement des signaux. C’est aussi l’occasion de vivre pleinement l’instant présent sans penser à autre chose, de cultiver l’écoute active… Car, à quoi bon reprendre du temps pour faire réellement connaissance ou traiter un sujet ?
Deuxième principe : diagnostiquer son tempérament relationnel pour caractériser sa tendance à l’introversion ou à l’extraversion ? Bien gérer son énergie relationnelle implique de savoir ce dont nous avons besoin et comment nous fonctionnons de manière optimale pour soi et pour les autres. En outre, c’est l’occasion d’apprendre comment fonctionnent les deux tempéraments pour améliorer la qualité de nos relations.
Troisième principe : prendre de la distance sur les injonctions pour lâcher prise avec soi-même et notre tribu. « Pour réussir, tu dois quotidiennement communiquer sur les réseaux sociaux, réagir rapidement aux sollicitations et en créer. Tu dois être fort(e), performant(e) et éviter de te plaindre, briller sans être pédant(e)… » Que pensez-vous de les accueillir comme des conseils ou suggestions puis de sélectionner celles qui nous conviennent réellement ?
Quatrième principe : prendre le temps de cultiver son réseau relationnel et de l’enrichir avec de nouvelles connaissances à son rythme. Nous n’avons pas nécessairement besoin de communiquer comme des créateurs de contenus ou des influenceurs pour réseauter efficacement. Ce choix appartient à une stratégie d’influence auprès d’une communauté ciblée. Faire moins et mieux s’avère souvent payant et encore plus avec l’aide de notre communauté.
En conclusion
J’évite l’éloge de la lenteur, bien qu’elle me séduise, ou celui d’un réseautage frugal. Je préfère élargir ma réflexion à notre pouvoir de prendre soin de nous pour mieux prendre soin des autres. J’adhère aux principes de réseautage qui disent notamment qu’il est préférable de donner avant de recevoir et de cultiver son réseau régulièrement. Mon point de vigilance majeur s’oriente son dosage. Nous sommes les seuls à le mesurer avec l’aide de nos contacts. Pour cela, nous avons besoin de prendre le temps de nous apprécier, de conscientiser nos émotions et nos réactions puis de nous interroger sur leur pertinence.
Réseautement vôtre,
Catherine SARNOW
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